đŸ“Č NON Ă  la double authentification sur Parcoursup

Depuis cette annĂ©e, Parcoursup, plate-forme dĂ©jĂ  dĂ©noncĂ©e par notre syndicat dans son renforcement de la sĂ©lection scolaire, impose aux personnels de l’Éducation Nationale qui doivent assurer le suivi et l’orientation des Ă©lĂšves (article 912-1 du Code de l’éducation) l’utilisation d’une application de gĂ©nĂ©ration de mot de passe Ă  usage unique basĂ© sur le temps (TOTP).

 

 

Si, comme la hiĂ©rarchie aime Ă  nous le rappeler, « l’agent public doit se conformer aux instructions de son supĂ©rieur hiĂ©rarchique » (article L121-10 du Code gĂ©nĂ©ral de la fonction publique), encore faut-il que l’administration fournisse Ă  ses agent·es les moyens de mener Ă  bien sa mission de service public.Or, ni les lycĂ©es, ni les rectorats, ni le MinistĂšre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supĂ©rieur et de la Recherche, ne fournissent aux enseignant·es un accĂšs Ă  un smartphone ou Ă  un autre Ă©quipement permettant l’utilisation d’une application TOTP.

 

Pourtant, les enseignant·es n’ont aucune obligation lĂ©gale ou rĂ©glementaire Ă  possĂ©der un tel Ă©quipement, ni Ă  user d’un Ă©quipement personnel Ă  cette fin.

 

Quant Ă  la « prime informatique » (instaurĂ©e par le dĂ©cret n° 2020-1524 du 5 dĂ©cembre 2020), dont l’objet est d’« indemniser l’équipement informatique des professeurs et des psychologues de l’éducation nationale », son montant annuel fort modeste ne peut raisonnablement permettre l’achat d’un tel Ă©quipement, en sus d’un ordinateur classique. D’ailleurs, les dispositions relatives Ă  la « prime informatique » n’indiquent aucune obligation quant Ă  l’emploi de cette somme versĂ©e annuellement. On ne peut donc exiger des enseignant·es la possession ni, a fortiori, l’usage d’un Ă©quipement informatique de ce type. Il n’existe aucune disposition Ă  valeur lĂ©gale en ce sens.

 

On rappellera qu’en matiĂšre de droit du travail dans le secteur privĂ©, la Cour de cassation, en 2004, a jugĂ© que c’est Ă  l’employeur de prouver qu’il a fourni au salariĂ© les moyens de rĂ©aliser la prestation de travail pour laquelle il Ă©tait engagĂ©.

 

De plus, cette Ă©tape d’authentification supplĂ©mentaire implique gĂ©nĂ©ralement la crĂ©ation de comptes auprĂšs des GAFAM. Ces applications gĂ©nĂ©rant des TOTP se tĂ©lĂ©chargent Ă  partir des magasins d’applications « officiels » (PlayStore sur Android ou AppStore sur iOS). Ces magasins exigent la crĂ©ation d’un compte Google (Android) ou Apple (AppStore). Il s’agit de sociĂ©tĂ©s de droit Ă©tranger (amĂ©ricaines), connues pour leur respect trĂšs relatif du respect des donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel. Bref, de nombreux·ses collĂšgues ne souhaitent pas confier ainsi leurs donnĂ©es personnelles (numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone, adresse Ă©lectronique, etc.) Ă  ces sociĂ©tĂ©s – ce qui est leur droit le plus strict.

Il est certes possible, sous certaines conditions, sous Android au moins, de tĂ©lĂ©charger une application de type TOTP en passant par d’autres moyens, mais cela demande des connaissances informatiques spĂ©cialisĂ©es. Or, aucune documentation de ce type n’est fournie Ă  cette fin aux collĂšgues.

 

Cette nouvelle exigence de double authentification est donc doublement inacceptable pour tous les personnels concernés.

À nouveau, l’administration alourdit le travail de ses agent·es en leur faisant illĂ©gitimement supporter les coĂ»ts (argent, temps, Ă©nergie) de la sĂ©curisation informatique, et, plus largement, en leur imposant des tĂąches supplĂ©mentaires, pour une utilitĂ© plus que discutable.

Nos revendications :
  • La sortie du tout numĂ©rique pour un usage raisonnĂ© et rĂ©flĂ©chi de l’outil informatique.
  • Le recrutement de personnels titulaires formé·es Ă  l’entretien et Ă  la maintenance des outils informatiques.
  • La gĂ©nĂ©ralisation de l’usage de systĂšmes d’exploitation et de logiciels Ă©conomes en Ă©nergie et Ă  longue durĂ©e de vie sur l’ensemble des parcs informatiques, en favorisant les logiciels libres ; la diffusion des bonnes pratiques Ă©cologiques dans l’usage du numĂ©rique au sein de l’Éducation nationale.
  • L’intĂ©gration aux programmes scolaires et Ă  la formation du personnel des enjeux environnementaux du numĂ©rique.
  • Le versement de la prime d’équipement pour tous les personnels sans exclure les AESH, les CPE, et professeur·es documentalistes.
  • La fin de la sĂ©lection via Parcoursup et de la plateforme "Mon Master". Tout·e bachelier·e doit pouvoir s'inscrire dans l'universitĂ© ou la filiĂšre de son choix.